Page:Stendhal - Rome, Naples et Florence, III, 1927, éd. Martineau.djvu/169

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

monseigneur de Boulogne. L’éloquence et les talents justifiaient ces parallèles flatteurs pour les deux nations ; du reste, la France n’a eu ni un homme aussi vertueux que Melzi, ni un ministre aussi fort, dans le sens despotique du mot, que le comte Prina. Désormais Milan est lié à la France par la chaîne des opinions, et la force de cette chaîne est incommensurable ; cette sympathie est d’autant plus solide, qu’elle a été précédée par une jalousie bien prononcée. À notre dernière retraite d’Italie, le comte Grenier ayant eu occasion d’envoyer un colonel de mes amis au général autrichien, ce colonel français, qui le croirait ! eut besoin d’invoquer le secours des housards ennemis pour traverser des villages qui se trouvaient sur sa route et qui voulaient l’écharper. J’ai vu sa calèche percée de cent coups de fourche, le lieu de la scène était les bords du Pô, près de Plaisance.

J’oubliais la dernière représentation du Mahomet de Winter : c’est une imitation de Mozart ; l’ouverture est superbe. L’opéra Janguit faute de chant ; l’auteur a soixante-dix ans et est Allemand. Il y a un terzetto singulier ; Zopire prie pour ses enfants au fond du temple ; Seïde arrive pour le mettre à mort, accompagné de Palmire. On a fait répéter ce terzetto avec transport ;