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paraissaient dans le ballet de ce soir, il offrirait l’ensemble parfait de ce qué l’état actuel de l’art peut offrir de plus enchanteur. Les femmes, palpitantes d’intérêt pour les souffrances de la pauvre Mirra, exposées avec un art si charmant, imposaient silence ce soir, même aux doux commentaires de la galanterie. À la lettre, on ne respirait pas dans les loges.

Du reste, on était fort en colère contre Rossini et Viganò, qui, tout occupés de leurs plaisirs, font attendre le public depuis deux mois. Ils sont aimables, et ne peuvent jamais se résoudre à refuser une villeggiaturà aux colli di Brianza, ou sur les lacs.

J’ai été présenté ce soir au respectable comte Moscati, le Daubenton de l’Italie. Milan, dans ses beaux jours, avait plusieurs hommes célèbres qu’elle se plaisait à comparer aux nôtres. Le comte Paradisi, président du sénat, était le prince de Benévent ; le général Teulié, le Desaix ; le comte Dandolo, si connu par le perfectionnement des vers à soie, le Chaptal de l’Italie ; Monti, célèbre par l’éloquence noble et délicate de ses adresses, était, le comte Fontanes ; l’archevêque de Ravenne, Codronchi, grand aumônier, rappelait par son esprit et l’adresse de sa conduite,