Page:Stendhal - Rome, Naples et Florence, III, 1927, éd. Martineau.djvu/152

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

clefs sous lesquelles il enfermait Térence : « J’arrive de Brescia ; le premier jour j’ai donné de la bonne comédie, on est resté froid ; le lendemain, j’ai fait le polichinelle, on nous a porté aux nues, et nous avons eu six cents francs de recette tous les jours, tous frais faits. »

Le soir, drame abominable traduit de l’allemand ; nos perruquiers siffleraient, cela, et jamais peut-être ce grand acteur ne m’a fait plus de plaisir. Il jouait ce lieu commun si ancien, un père qui par orgueil ne veut pas donner sa fille à un jeune lord dont le père a perdu la vie sur l’échafaud. Ce n’était point du naturel plat à la Goldoni, il donnait de nouvelles idées, et cependant ne sortait pas de la nature.

Le lendemain Vestri parut dans il Desperato per eccesso di buon core ; c’est un de ses triomphes, il y est aussi supérieur que dans l’Ajo nell’ imbarrazzo et dans le Bourru bienfaisant. Tout cela est invisible à l’étranger qui ne s’est pas fait à la cantilena du dialogue italien : je fus trois mois en Angleterre avant de m’accoutumer au chant de la langue anglaise ; pour le nôtre, il paraît que les étrangers ne peuvent pas s’y faire[1]. — À Brescia,

  1. Milady Morgan, qui, du reste, a si bien vu la France, jugeant le Tartufe et mademoiselle Mars.