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musique et les grâces de la société vénitienne.

Quelle gaieté que celle de Ia société avec laquelle je dîne au Pellegrino ! Chacun a des fonctions ridicules et imposantes adaptées à ses ridicules et prises des animali parlanti de Casti. — Poésies de ce jeune Bolonais établi à Venise. Que je serais heureux de ne jamais quitter ce pays ! Quelle soirée délicieuse que celle passée dans le jardin de M. Cornaro !

27 juin 1817. — L’on m’a présenté au spectacle à lord Byron. C’est une figure céleste ; il est impossible d’avoir de plus beaux yeux. Ah ! le joli homme de génie ! Il a à peine vingt-huit ans, et c’est le premier poëte de l’Angleterre et probablement du monde. Lorsqu’il écoute la musique, c’est une figure digne de l’idéal des Grecs.

Au reste, qu’on soit un grand poëte, et de plus le chef d’une des plus anciennes familles d’Angleterre, c’en est trop pour notre siècle ; aussi ai-je appris avec plaisir que lord Byron est un scélérat. Quand il entrait dans le salon de madame de Staël, à Coppet, toutes les dames anglaises en sortaient. Ce pauvre homme de génie a eu l’imprudence de se marier ; sa femme est fort adroite, et renouvelle à ses dépens