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cependant l’hôtesse, pourvue d’une figure atroce, portait des bagues de diamant. Cette femme dit aux voyageurs qu’elle va envoyer emprunter des draps blancs chez le curé, à trois milles de distance. La jeune Espagnole est mortellement effrayée de l’aspect sinistre de l’auberge ; sous prétexte d’aller chercher un mouchoir dans le carrosse, le voyageur fait un signe au vetturino et lui parle sans être vu ; celui-ci, qui avait entendu parler de disparitions de voyageurs, avait autant de peur au moins. Ils conviennent bien vite de leurs faits. En présence de l’hôtesse l’Espagnol lui recommande de les réveiller à cinq heures du matin, au plus tard. Le voyageur et sa femme se disent malades, mangent fort peu au souper, et se retirent dans leur chambre ; là, mourant de peur et prêtant l’oreille, ils attendent que tous les bruits aient cessé dans la maison, et vers les une heure ils s’échappent et vont rejoindre le vetturino, qui était déjà à un quart de lieue, avec ses chevaux et sa voiture.

De retour à Florence, le vetturino conta sa peur à son maître, M. Polastro, homme fort honnête. La police, sollicitée par lui, eut beaucoup de peine à faire arrêter un homme sans aveu qui paraissait souvent à cette auberge de Pietra-Mala. Menacé de la mort, il révéla que le curé Biondi, chez