ietra-mala, 19 janvier. — En
quittant Bologne pour traverser l’Apennin,
la route de Florence suit d’abord une jolie
vallée, à peu près horizontale. Après
avoir marché une heure à côté du torrent,
nous avons commencé à monter au milieu
de petits bois de châtaigniers qui bordent le
chemin. Arrivés à Loïano et regardant au
nord, nous avons trouvé une vue
magnifique : l’œil prend en travers cette fameuse
plaine de Lombardie, large de quarante
lieues, et qui, en longueur, s’étend de
Turin à Venise. J’avouerai qu’on sait cela
plus qu’on ne le voit ; mais on aime à
chercher tant de villes célèbres au milieu
Spina a été rappelé par Léon XII et remplacé par M. le cardinal Albano. Je dirai au voyageur paresseux que mon but en voyageant n’était pas d’écrire ; mais la vie de voyageur rompant toutes les habitudes, force est bien de recourir au grand dispensateur du bonheur ; il faut s’imposer un travail, sous peine de regretter Paris. On écrit au crayon dans les moments perdus, en attendant les chevaux de poste, etc. ; l’été, on écrit assis dans les églises, lieux très-frais, d’une jolie obscurité, et qui se trouvent exempts d’insectes et de bruit. Je ne notais pas, en voyageant, la dixième partie de mes sensations distinctes. Aujourd’hui, je ne me rappelle que ce que j’ai écrit ; souvent même, en relisant ces notes qui sont restées cachetées depuis dix ans, telles que le courrier extraordinaire de la maison N… les apporta à Paris, il me semble lire un voyageur contemporain. (Note ajoutée en 1826.)