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belle couleur rouge (allusion à un grand costume) ; et, parvenu ainsi au comble de vos vœux, ils vous promèneront dans le Corso. » Effroi de Cassandrino : il consent à épouser la tante, à laquelle il a jadis fait la cour à Ferrare. Cette tante lui saute au cou. Il s’approche de la rampe, et dit en confidence aux spectateurs : « Je renonce au rouge : mais je vais devenir l’oncle de l’objet que j’adore et…… » Il feint, à ce moment, que quelqu’un l’appelle, tourne la tête, et les spectateurs le couvrent d’applaudissements.

Après la fin de la pièce, un enfant s’est avancé sur le théâtre pour arranger les lampes ; deux ou trois étrangers se sont récriés. Il nous a fait l’effet d’un géant, tant l’illusion avait été complète, et si peu nous songions à la petite taille ou aux têtes de bois des personnages qui nous faisaient rire depuis trois quarts d’heure.

Nous avons eu ensuite un ballet. Le Puits enchanté, tiré des Mille et une Nuits ; plus étonnant, s’il se peut, que la comédie pour le naturel, et la grâce des mouvements des danseurs. Je me suis enquis auprès de mes voisins du mécanisme de ces charmantes figures de bois. Les pieds sont garnis de plomb ; les fils qui les font mouvoir passent dans l’intérieur du corps, et sortent sur le haut de la tête ; ils sont tous