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recevoir en tête à tête un homme qui ne peut pas vous épouser ? » Ce trait fort clair a été applaudi à tout rompre. Nous avons eu ensuite un monologue fort plaisant de Cassandrino dans la rue. Rien ne peut le consoler de l’impossibilité de voir sa belle. Il se plaint tour à tour de quelques petites incommodités de son âge, et des tourments que lui donne l’excès de sa passion. Les éclats de rire interrompaient à chaque phrase le silence de la plus profonde attention. Les raisonnements qu’il se fait pour se déguiser ses soixante ans, sont d’autant plus comiques, que Cassandrino n’est point un sot : c’est au contraire un homme de beaucoup d’expérience et même d’esprit, qui ne fait des folies que parce qu’il est amoureux. Il se résout enfin à s’habiller en jeune homme, et à se présenter chez le peintre comme un jeune élève de dix-huit ans.

Au second acte, on le voit arriver chez le jeune peintre. Il s’est mis d’énormes favoris noirs ; mais, dans son empressement, il a oublié d’ôter ses boucles poudrées à blanc sur l’oreille. Il parvient à voir sa belle, et la scène d’amour avec la jeune fille est excellente de ridicule : il l’adore, et c’est bien l’amour d’un vieux garçon. Il parle toujours de sa fortune, et finit par la proposition de la partager avec elle :