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ROME, NAPLES ET FLORENCE

garçon reçoit avec délices. Il lui raconte à cette occasion l’histoire de son habit. Le drap en est venu de France ; Cassandrino parle ensuite de son pantalon qui arrive d’Angleterre, de sa superbe montre à répétition (il la tire et la fait sonner), qui lui a coûté cent guinées chez le meilleur horloger de Londres. Cassandrino, en un mot, étale tous les ridicules d’un vieux garçon ; il nomme par des sobriquets d’intimité tous les marchands à la mode de Rome, indique par ses gestes les fats célèbres étrangers, et il y en a toujours un ou deux que l’excès de leurs ridicules fait connaître du peuple de Rome. À chaque mot, il approche sa chaise de celle de la jeune fille. Tout à coup une si agréable visite est interrompue par le jeune peintre, frère de la demoiselle, qui paraît avec des favoris énormes et des cheveux bouclés fort longs. C’est le costume obligé des gens de génie.

Le jeune peintre prie brusquement Cassandrino de ne plus honorer sa sœur de ses visites, et il lui rend une miniature qu’il en avait reçue pour la restaurer.

Au lieu de se mettre en colère, Cassandrino accable de compliments et de choses flatteuses le jeune homme qui le chasse. Celui-ci, resté seul avec sa sœur, lui dit : « Comment avez-vous l’imprudence de