Page:Stendhal - Rome, Naples et Florence, II, 1927, éd. Martineau.djvu/300

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tours de salon qu’il fait en attendant sa belle, que la cameriera di casa est allée avertir, après avoir reçu un paoletto d’étrenne, suffisent pour mettre les spectateurs en belle humeur, tant les mouvements de cette poupée imitent avec fidélité le genre d’affectation d’un jeune monsignore. La jeune sœur du peintre arrive enfin, et Cassandrino, qui n’a pas encore osé, à cause de son âge, hasarder une déclaration trop claire, la prie de lui permettre de chanter une cavatine qu’il vient d’entendre dans un concert, et dont il est encore charmé. Tout le piquant du personnage consiste dans cette timidité prudente fondée sur son âge, et dans la foule de petits moyens adroits qu’il met en usage pour faire oublier ses cheveux blancs. Cette cavatine a été chantée à ravir : c’est un des plus jolis morceaux de Paisiello. Elle a été applaudie avec transports ; l’illusion était un peu écartée : car les spectateurs s’écriaient à tout moment brava la ciabatina ! (Cette cavatine était chantée dans la coulisse par la fille d’un savetier, qui a une voix superbe.)

Cet air fort passionné fait déclaration pour le tendre Cassandrino. La sœur du peintre lui répond par des compliments infinis sur la fraîcheur de sa toilette et sur sa bonne mine ; compliments que le vieux