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ROME, NAPLES ET FLORENCE

une cour oligarchique, composée de célibataires, où, comme partout, le pouvoir est aux mains de la vieillesse. Qui songerait à prendre ombrage de Cassandrino ? Il y a cent ans que ce personnage est à la mode. Il va sans dire qu’il est séculier ; mais je parierais que, dans toute la salle, il n’y a pas un spectateur qui ne lui voie la calotte rouge d’un cardinal, ou au moins les bas violets d’un monsignore. Les monsignori sont les jeunes gens de la cour du pape, les auditeurs de ce pays : c’est la place qui mène à toutes les autres. Le cardinal Consalvi, par exemple, a été monsignore, et a porté des bas violets trente ans de sa vie. Rome est rempli de monsignori de l’âge de Cassandrino, qui n’ont pas fait fortune aussi jeunes que le cardinal Consalvi, et qui recherchent des consolations en attendant le chapeau.

La pièce de ce soir s’appelle Cassandrino allievo di un pittore (Cassandrino élève en peinture). Un peintre célèbre a beaucoup d’élèves et une sœur fort jolie. Cassandrino, beau petit vieillard de soixante ans, avec la mise la plus soignée, arrive chez elle, et ne manque pas de se donner en entrant toutes les grâces modestes d’un jeune cardinal.

L’arrivée de Cassandrino sur le théâtre des marionnettes, et les trois ou quatre