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ROME, NAPLES ET FLORENCE

le peuple, où il est assez rare qu’une femme se console de la perte de son amant. Je serais trop immoral si je racontais sept à huit autres anecdotes également de notoriété publique.

Chaque soir, à Rome, il y a réception, pour la haute société, dans les salons de M. l’ambassadeur d’Autriche, de M. l’ambassadeur de France, ou chez quelque prince romain. Le secondo cetto ne pénètre point dans ces salons, où règne un ton un peu francisé. C’est dans les soirées données chez de riches marchands, qui sont à la tête du secondo cetto, que l’étranger trouvera les mœurs romaines dans toute leur énergie. On rencontre toujours huit ou dix cardinaux chez les ambassadeurs………… Mais ici je me souviens, à propos, de la jolie retraite où l’on a envoyé l’aimable et spirituel Santo-Domingo.

Malgré tout ce que le vulgaire dit sur l’Italie, un homme qui joue la comédie est aussi rare dans la société à Rome ou à Milan, qu’un homme naturel et simple à Paris. Mais, à Rome, on ne dit pas de mal de la religion ; c’est comme à Paris un homme bien né ne prononce pas des mots grossiers dans un salon. Vous croyez que l’Italien est un hypocrite consommé, toujours dissimulant, et c’est l’être le plus naturel de l’Europe, et qui songe le moins à