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italienne par excellence, bien supérieure à Naples, déjà un peu francisée, et à Bologne, qui quelquefois est petite ville. À Rome, tous les dix ans, on élit un roi : ce roi n’a peut-être pas été sans passions durant sa jeunesse. Quelle source d’intérêt !

À Rome, point de gêne, de contrainte, point de ces façons convenues, dont la science s’appelle ailleurs usage du monde. Quand on plaît à une femme, rarement elle cherche à le cacher. Dite a… che mi piace est une phrase qu’une Romaine ne se fait pas scrupule d’employer. Si l’homme qui a le bonheur de plaire partage le sentiment qu’il inspire, il dit : Mi volete bene ?Si.Quando ci vedremo ? Et c’est d’une manière aussi simple que commencent des attachements qui durent fort longtemps, huit ou dix ans par exemple. Une relation qui se rompt après un an ou deux fait peu d’honneur à la dame ; on parle d’elle comme une âme faible qui n’est pas sûre de sa propre volonté. La parfaite réciprocité de devoirs qui existe entre l’amant et sa maîtresse ne contribue pas peu à affermir la constance. Au reste, dans ce pays où la politique est si fine, toute dissimulation est mise de côté. J’ai vu dernièrement, au bal magnifique donné par le banquier Torlonia, duc de Bracciano, qu’une femme ne danse qu’avec les per-