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ROME, NAPLES ET FLORENCE


Rome, 1er août. — Je sors de la fameuse Chapelle Sixtine ; j’ai assisté à la messe du pape, à la meilleure place, à droite, derrière le cardinal Consalvi ; j’ai entendu ces fameux castrats de la Sixtine. Non, jamais charivari ne fut plus exécrable : c’est le bruit le plus offensant que j’aie rencontré depuis dix ans. Des deux heures qu’a duré la messe ; j’en ai passé une et demie à m’étonner, à me tâter, à sentir si je n’étais point malade, à interroger mes voisins. Malheureusement c’étaient des Anglais, gens pour qui la mode est un tyran. J’interrogeais leur sensation : ils me répondaient par des passages de Burney.

Mon parti bien pris sur la musique, j’ai joui des mâles beautés du plafond et du Jugement dernier de Michel-Ange ; j’ai étudié la physionomie des cardinaux : ce sont de bons curés de campagne ; le premier ministre Consalvi s’est bien gardé d’appeler des gens capables de le remplacer. Beaucoup ont l’air malade ; quelques figures expriment la hauteur. Il est impossible, à cinquante ans, d’être plus bel homme que le cardinal Consalvi. J’ai vu, par sa place à la Chapelle Sixtine, qu’il n’est pas prêtre ; il n’est que diacre. Voir le joli tableau de M. Ingres.