ome, 1er août. — Je sors de la fameuse
Chapelle Sixtine ; j’ai assisté à la
messe du pape, à la meilleure place,
à droite, derrière le cardinal Consalvi ;
j’ai entendu ces fameux castrats de la
Sixtine. Non, jamais charivari ne fut
plus exécrable : c’est le bruit le plus
offensant que j’aie rencontré depuis dix
ans. Des deux heures qu’a duré la messe ;
j’en ai passé une et demie à m’étonner, à
me tâter, à sentir si je n’étais point malade,
à interroger mes voisins. Malheureusement
c’étaient des Anglais, gens pour qui la
mode est un tyran. J’interrogeais leur
sensation : ils me répondaient par des
passages de Burney.
Mon parti bien pris sur la musique, j’ai joui des mâles beautés du plafond et du Jugement dernier de Michel-Ange ; j’ai étudié la physionomie des cardinaux : ce sont de bons curés de campagne ; le premier ministre Consalvi s’est bien gardé d’appeler des gens capables de le remplacer. Beaucoup ont l’air malade ; quelques figures expriment la hauteur. Il est impossible, à cinquante ans, d’être plus bel homme que le cardinal Consalvi. J’ai vu, par sa place à la Chapelle Sixtine, qu’il n’est pas prêtre ; il n’est que diacre. Voir le joli tableau de M. Ingres.