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ROME, NAPLES ET FLORENCE

la maison. Or un abbé n’oublie jamais, en Italie, qu’il peut avoir un moment de fortune, et parvenir au chapeau.

Je vois que le cadre de la petite comédie est toujours convenu d’avance entre les acteurs, ou, pour mieux dire, entre les personnes qui doivent parler pour les marionnettes. Le papier où est le plan est fixé dans la coulisse sur un pupitre éclairé par deux bougies. Il y a autant d’acteurs dans la coulisse, parlant pour les marionnettes, qu’il y a de personnages dans la pièce. L’actrice qui parle pour l’amoureuse de la comédie est toujours une jeune personne. Le dialogue improvisé des marionnettes est plein de naturel et riche d’inflexions. Les acteurs n’ayant à s’occuper, ni de leurs gestes, ni de l’expression de leur physionomie, parlent bien mieux que s’ils étaient en scène.

Cet avantage est surtout précieux dans la comédie satirique, telle que celle où je viens de voir figurer le premier ministre, le fameux banquier Torlonia, duc de Bracciano, l’ambassadeur d’une haute puissance, et plusieurs autres grands personnages. Les jeunes gens qui les faisaient parler, et qui les avaient vus le matin ou la veille, imitaient, à s’y méprendre et à mourir de rire, leur accent et la tournure de leurs idées. J’ai même vérifié