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ROME, NAPLES ET FLORENCE

laisser aller à une douce illusion. Voyez en preuve la physionomie un peu plate, mais rassurante, du héros du dix-neuvième siècle, W***. Nous ne sommes plus assez heureux pour demander le beau ; nous ne désirons, pour le moment, que l’utile. La société va passer je ne sais combien de siècles à la chasse de l’utile.

— Paris a de plus que tous les autres pays la bonté et la politesse de ses habitants : c’est la capitale de la pensée ; car ses philosophes sont bien en avant des Anglais : comparez le Constitutionnel au Morning-Chronicle des Anglais. Que lui manque-t-il ? des peintres, des poëtes, des sculpteurs ? Et, nous-mêmes, en avons-nous ?

— Mais, dit le colonel Tecco, la tristesse prude des salons de Paris, et l’éternel écarté !

— Eh bien ! mon cher ami, soyons assez d’Italiens et d’Espagnols, à Paris, pour passer les soirées entre nous.

— Cette tristesse, dit madame Bel***, ne serait-elle point une compensation qui suit la liberté ? Voyez les salons anglais et américains.

— Mais tout cela est au nord, dit don Francesco ; peut-être que l’on sera gai dans les salons de Mexico et de Lima. »

Le misanthrope D*** reprend avec sa