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suite s’il vient me voir par projet ou par brio, parce que l’idée lui en est venue à l’instant même en passant près de mon palais. Il paraît que cette immense différence reste invisible à vos dames françaises : elles n’ont jamais que des visites par projet ; bel effet de la sévérité sur le costume.

« En Angleterre, l’éducation rend égal ; il ne reste plus à un fils de pair, pour se distinguer du fils de M. Coutts, que l’affectation. Ce vilain défaut va vous arriver en France ; vos libéraux nigauds croient que tout est avantage dans le gouvernement de l’opinion. Je disais un jour à une de mes bonnes amies de Paris : Quelle jolie chose que vos boulevards ; quelles drôles de mines on y rencontre ! — Oui, répondit-elle avec une imperceptible nuance de pédanterie, mais il ne faut pas s’y promener. Je ne pus me contenir. — Il ne le faut pas, dis-je, quand on imite. Mais vous, ma chère, fille d’un pair, née au sein d’une grande fortune, je voudrais vous voir l’orgueil de n’imiter personne. Qui sera modèle, si vous ne l’êtes pas ? Quelque impertinente sans droits.

« Autrefois le brillant duc de Bassompierre ne songeait pas à conserver son rang en allant se promener. Il y a du parvenu au fond du sentiment actuel.