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le faux honneur des monarchies, bizarre mélange de vanité et de vertu (utilité du plus grand nombre).

Le plus respectable des savants de Paris se trouvait ici il y a quelques années : on parlait beaucoup dans la société d’un vase étrusque magnifique et d’une dimension colossale, que le prince Pignatelli venait d’acheter. Notre savant va voir le vase avec un Napolitain ; le prince était absent ; un ancien valet introduit les curieux dans une salle basse, où, sur un piédestal en bois, ils trouvent le vase antique. L’antiquaire français l’examine avec soin, admire surtout la finesse du dessin, le coulant des formes ; il tire son carnet, et essaye de copier deux ou trois groupes. Au bout de trois quarts d’heure de l’admiration la plus profonde, il se retire en donnant au valet un excellent pourboire. « Si leurs excellences veulent repasser demain, avant midi, dit le valet en remerciant, le prince y sera, et elles pourront voir l’original. » Ce que le savant avait tant admiré n’était qu’une copie faite par un artisan de la ville. Le Français conjura le Napolitain son compagnon de ne rien dire de son accident, qui, le lendemain fit la nouvelle du jour. Je pourrais nommer le savant illustre ; plusieurs contemporains de cette anecdote sont à Paris en ce