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ROME, NAPLES ET FLORENCE

l’égalité, et cela à mesure que l’on voyait diminuer la place que la crainte de Dieu occupait dans le cœur. Les femmes n’étaient que des servantes en France durant le seizième siècle, et en Italie l’un des thèmes traités le plus souvent par les littérateurs à la mode alors, c’est la supériorité du sexe aimable sur les hommes. Les Italiens, plus portés à l’amour-passion, moins grossiers, moins adorateurs de la force physique, et moins guerroyants et féodaux, admettaient volontiers ce principe.

Les idées des femmes n’étant pas fondées sur les livres, car heureusement elles lisaient peu, mais prises dans la nature des choses, cette égalité des deux sexes a introduit une masse étonnante de bon sens dans les têtes italiennes. Je connais cent principes de conduite que l’on est encore obligé de prouver ailleurs, et qui, à Rome, sont invoqués comme des axiomes. L’admission des femmes à l’égalité parfaite serait la marque la plus sûre de la civilisation ; elle doublerait les forces intellectuelles du genre humain et ses probabilités de bonheur. Les femmes sont beaucoup plus voisines de l’égalité aux


    mère du régent, prouvent que l’on était moins poli à la cour de Louis XIV que chez le plus petit fabricant de calicot de l’an 1826 : mais on y avait plus d’esprit.