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19 juin. — J’ai acheté un bouquin sur le largo di Castello, près de ce singulier théâtre construit dans une cave, et auquel on entre par les troisièmes loges. Mon livre est intitulé della Superiorita in ogni cosa del sesso amabilissimo, etc., 1504. Pour peu que l’on ait étudié l’histoire des femmes, on sait que François Ier les appela à la cour en 1515. Avant cette époque, le château de chaque noble ressemblait au quartier général d’un despote, qui veut des esclaves obéissants et non des amis ; sa femme n’était qu’une esclave sur laquelle il exerçait le droit de vie et de mort. Était-elle poignardée, cet accident passait pour la punition de la foi violée. Ce coup de poignard était l’effet d’un mouvement de colère chez un sauvage jaloux de la supériorité morale ; ou bien il fallait la mort de la dame châtelaine pour obtenir une autre femme, qu’on ne pouvait avoir qu’en l’épousant. Dans les cours galantes de François Ier et de Henri II, les femmes furent utiles à leurs maris pour l’intrigue[1] ; leur condition fit des pas rapides vers

  1. Voir dans la bibliothèque de monseigneur le duc d’Orléans le Recueil des chansons étonnantes chantées par les filles d’honneur de la reine Catherine de Médicis. Chaque volume, magnifiquement relié, avec des fermoirs d’argent, porte le nom imprimé de la jeune personne de qualité chargée de chanter de telles chansons. Leur incroyable indécence démontre toute la fausseté des mœurs peintes dans la Princesse de Clèves. Les Mémoires de madame la duchesse d’Orléans,