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vingt-cinq ans et cent louis de rente, n’arrive pas à Florence avec sa généalogie. Il trouvera vingt jeunes miss fort jolies, fort riches, fort sages, qui le prieront à genoux de les faire marquises. À Florence, j’ai vu chaque hiver six mille étrangers passer sous mes yeux. Chacun apportait de son pays barbare une anecdote curieuse et trois ridicules. Toutes les anecdotes de cette aristocratie tendaient à se moquer des rois.

« Aimez-vous les arts ? voyez comment on vient d’arranger la galerie Pitti. Le souverain a profité des sottises romaines, et compris que Florence doit être le bal masqué de l’Europe. Le vieux prince Neri voudrait, avant de mourir, y faire entrer les gendarmes ; mais M. Fossombroni s’y oppose. » Santapiro a fini par sept ou huit anecdotes délicieuses, qu’il serait infâme d’imprimer.

Quand les princes lorrains débarquèrent en Toscane (1738), les Florentins virent arriver à leur suite une quantité de pauvres diables, une canne à la main : de là le mot cannajo, que j’avais pris pour une traduction de canaille en l’entendant prononcer à Florence avec l’accent guttural du pays : au lieu de santa croce on dit santha hroce.

Santapiro finit par une étrange calomnie,