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Abrial, commissaire du Directoire, alors à Capoue : « Avouez-nous, par grâce, si vous nous abandonnez, dirent les patriotes ; nous allons tous quitter Naples. — Abandonner les républicains ! s’écria le citoyen Abrial : je vous emporterais plutôt tous sur mes épaules ! » Et il fit le geste du pieux Énée. Ce mot a retardé de trente ans la civilisation du royaume de Naples.

« Six semaines après le départ des Français, cette ville tomba au pouvoir de l’armée alliée, composée de royalistes napolitains, d’Anglais, de Russes et de Turcs. Les patriotes, après s’être assez bien battus, se réfugièrent dans les forts. Celui d’Avigliano, près du pont de la Madeleine, défendu par les élèves en médecine, fut le premier à capituler. En y entrant, les vainqueurs se mirent à égorger les patriotes. Sur-le-champ, ceux-ci se dévouent à une mort glorieuse, mettent le feu aux poudres : quatre cents royalistes et tous les patriotes, à l’exception de deux, périssent par cette explosion.

« Pendant ce temps, les horreurs les plus révoltantes et les plus singulières étaient exercées dans les rues de la ville par la populace révoltée et par les royalistes. Des femmes de la première distinction étaient conduites nues au supplice : la