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da Rimini. Madame Tassari, qui joue dans la troupe de de’ Marini, n’est pas mal dans ce genre. Son mari, Tassari, est un bon tyran.

Blanès, avant qu’il se fût enrichi par un mariage, était le Talma d’Italie. Il ne manquait ni de naturel, ni de force : il était terrible dans l’Amachilde de Rosmunda. Cette reine, si malheureuse et si passionnée, était représentée par madame Pelandi, qui m’a toujours ennuyé, mais qui était fort applaudie.

Pertica, que j’ai vu ce soir, est un bon comique, surtout dans les rôles chargés. Il m’a fait bâiller à outrance dans le Poeta fanatico, une des plus ennuyeuses pièces de Goldoni, qu’on joue sans cesse. Cela est vrai, mais cela est si bas ! et cela dégrade, aux yeux des gens grossiers, l’être le plus distingué de la nature : un grand poëte. Il a été fort applaudi dans le caractère de Brandt, et a mérité son succès, surtout à la fin, lorsqu’il dit à Frédéric II : Je vous écrirai une lettre.

Ce qui m’a frappé, c’est le public : jamais attention plus profonde ; et, chose incroyable à Naples, jamais de silence plus complet. Ce matin, à huit heures, il n’y avait plus de billets : j’ai été obligé de payer triple. Je vois deux exceptions au patrio-