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feux blancs dont on a l’usage à Milan, mais que l’on emploie bien mieux ici. Je sors et je trouve l’escalier encombré d’une foule immense. Il faut descendre, en marchant sur les talons du voisin, trois rampes rapides. Les Napolitains appellent cela une beauté. Ils ont mis le parterre de leur théâtre au premier étage : voilà ce que, dans l’architecture moderne, on appelle une idée ingénieuse ; et, comme il n’y a qu’une seule rampe pour les deux ou trois mille spectateurs, et que cette rampe est toujours encombrée de domestiques et de décrotteurs, on peut juger des plaisirs de la descente.

En résumé, cette salle est superbe, la toile baissée. Je ne me dédis point, le premier coup d’œil est ravissant. La toile se lève, et vous allez de désappointements en désappointements. Vous êtes au parterre, MM. les gardes du corps vous relèguent à la douzième banquette. L’on n’entend pas du tout ; l’on ne peut distinguer si l’acteur qui se démène là-bas est vieux ou jeune[1]. Vous montez à votre loge : une lumière éblouissante vous y poursuit. Pour vous dédommager des cris de la Colbran, vous voulez lire

  1. Tout le jeu de madame Pasta serait perdu à cette distance.