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facile à comprendre, et entraînante pour les ignorants, sans avoir rien de commun. Mais une musique pour Otello peut être tout cela, et rester encore à cent piques de ce qu’il faudrait. Il n’y a rien de trop profond, dans tout Mozart et dans les Sept Paroles de Haydn, pour un tel sujet. Il faut des sons horribles et toutes les richesses et les dissonances du genre enharmonique, pour Iago (premier récitatif de l’Orfeo de Pergolèse). Il me semble que Rossini ne sait pas sa langue de façon à pouvoir décrire de telles choses. D’ailleurs, il est trop heureux, trop gai, trop gourmand.

Un ridicule particulier à l’Italie, c’est celui du père ou du mari d’une grande chanteuse : on appelle ce caractère le dom Procolo. Un jour le comte Somaglia donnait le bras à la Colbran pour lui faire voir le théâtre de la Scala ; le père lui dit gravement : « Vous êtes bien heureux, monsieur le comte ; savez-vous que des têtes couronnées ont coutume de donner le bras à ma fille ? — Oubliez-vous que je suis marié ? » réplique le comte. Cela a du sel en italien.

Après l’Otello, il m’a fallu subir la Gabrielle de Vergy, musique d’un jeune homme de la maison Caraffa. C’est une servile imitation du style de Rossini.