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qui me touchaient autrefois. Le sentiment du vrai beau l’emporte même sur les souvenirs de la jeunesse. Ce que je dis là sera précisément le comble de l’absurde, et peut-être même de l’odieux, pour ceux qui n’ont pas vu le vrai beau. Mais il y a longtemps que les vrais patriotes ont dû jeter au feu ce volume et s’écrier : « L’auteur n’est pas Français. »

La grandeur de la salle de San Carlo est admirable pour les ballets. Un escadron de quarante-huit chevaux manœuvre avec toute l’aisance possible dans la Cendrillon de Duport, dont ces chevaux et les divers genres de lutte forment un acte bien ennuyeux, bien postiche et bien fait pour les esprits grossiers. Ces chevaux chargent au grand galop jusque sur la rampe. Ils sont montés par des Allemands ; jamais les gens du pays ne pourraient y tenir. L’école de danse de San Carlo donne les plus belles espérances ; mademoiselle Merci peut se faire un nom, mais elle est bien jolie. Sa danse a une physionomie. — Aujourd’hui 14 mars, j’ai été sérieusement gêné par la chaleur, en examinant le taureau Farnèse, placé au milieu de cette délicieuse promenade de Chiaja, à vingt pas de la mer. Dans la campagne, tous les pommiers et amandiers sont en fleur. À Paris, on a encore l’hiver pour deux mois ; mais