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dit avec un accent de terreur superbe : « Ah ! santissima Madona ! le feu est à la salle ! Les mêmes gens qui ont manqué leur coup la première fois recommencent : qu’allons-nous devenir ? » Elle était bien belle ; les yeux surtout étaient sublimes. « Madame, si vous n’avez rien de mieux qu’un ami de deux jours, je vous offre mon bras. » L’incendie Schwartzenberg me vint tout de suite à l’esprit. Tout en lui parlant, je me rappelle que je commençais à faire des réflexions sérieuses ; mais, en vérité, plus pour elle que pour moi. Nous étions au troisième ; l’escalier est extrêmement roide : on allait s’y précipiter. Absorbé dans la recherche des moyens d’échapper, ce ne fut que deux ou trois secondes après que je m’aperçus de l’odeur de cette fumée. « C’est du brouillard, et ce n’est pas de la fumée, dis-je à notre belle voisine ; c’est la chaleur d’une telle foule qui fait sécher une salle si humide. » J’ai su que cette idée, qui s’était présentée à tout le monde, n’avait pas empêché d’avoir une belle peur, et que, sans le qu’en dira-t-on ? et la présence de la cour, les loges eussent été vides en un instant. Vers minuit, je fis plusieurs visites : les femmes étaient rendues de fatigue, les yeux cernés, des nerfs, le plaisir à mille lieues, etc., etc., etc.