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n’aurait pas lieu s’ils n’étaient en saillie. Rien de plus majestueux et de plus magnifique que la grande loge du roi, au-dessus de la porte du milieu : elle repose sur deux palmiers d’or de grandeur naturelle ; la draperie est en feuilles de métal, d’un rouge pâle ; la couronne, ornement suranné, n’est pas trop ridicule. Par contraste avec la magnificence de la grande loge, il n’y a rien de plus frais ni de plus élégant que les petites loges incognito placées au second rang, contre le théâtre. Le satin bleu, les ornements d’or et les glaces, sont distribués avec un goût que je n’ai vu nulle part en Italie. La lumière étincelante qui pénètre dans tous les coins de la salle permet de jouir des moindres détails.

Le plafond, peint sur toile, absolument dans le goût de l’école française ; c’est un des plus grands tableaux qui existent. Il en est de même de la toile. Rien de plus froid que ces deux peintures. — J’oubliais la terreur des femmes, le 12 au soir. Vers la cinquième ou sixième scène de la cantate, on commença à remarquer que le théâtre se remplissait insensiblement d’une fumée obscure. Cette fumée augmente. Vers les neuf heures, je jette les yeux par hasard sur madame la duchesse del C***, dont la loge était à côté de la nôtre : je la trouve bien pâle ; elle se penche vers moi, et me