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français. Duetto plein de grâces affectées. Arrive le bon Domingo : c’est le fameux Casacia, le Potier de Naples, qui parle le jargon du peuple. Il est énorme, ce qui lui donne l’occasion de faire plusieurs lazzi assez plaisants. Quand il est assis, il entreprend, pour se donner un air d’aisance, de croiser les jambes : impossible ; l’effort qu’il fait l’entraîne sur son voisin : chute générale, comme dans un roman de Pigault-Lebrun. Cet acteur, appelé vulgairement Casaciello, est adoré du public ; il a la voix nasillarde d’un capucin. À ce théâtre, tout le monde chante du nez. Il m’a paru se répéter souvent ; à la fin il m’amusait moins. Les gens du Nord sont difficiles pour la gaieté du Midi ; chez eux la détente du rire part difficilement. Domingo Casaciello ramène Paul et Virginie à l’habitation. Virginie a un père : c’est l’excellente basse-taille Pellegrini ; c’est le Martin de Naples ; il a de l’acteur français l’agilité de la voix et la froideur. Il m’a toujours fait beaucoup de plaisir dans les airs qui n’exigent pas de passion. C’est un bel homme à l’italienne, avec un nez immense et une barbe noire : on le dit homme à bonnes fortunes ; ce que je sais, c’est qu’il est fort aimable.

Le capitaine de vaisseau est un tenore, joli garçon et glacial, provenant du pays