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Je me répète, avec une joie triste l’exclamation de Falstaff :

There live not three great men in England ; and one of them is poor and grows old.
(King Henri IV, first part, acte II, scène iv.)


Capoue, 8 février. — Je demande s’il y a spectacle : sur la réponse affirmative, j’y cours. J’ai bien fait : les Nozze in Campagna, musique pleine d’esprit du froid Guglielmi (fils du grand compositeur), ont été jouées et chantées avec toute la chaleur et tout l’ensemble possibles, par trois ou quatre pauvres diables qui gagnent huit francs chaque fois qu’ils jouent.

La prima donna, grande femme bien faite, brune piquante et disinvolta, joue et chante avec tout le génie possible. J’oublie toute ma colère contre l’avilissement romain ; je redeviens heureux. Le héros du libretto, qui a été payé trente francs au poëte, est un seigneur amoureux d’une de ses sujettes (c’est le mot propre ici) ; la jeune fille va épouser un manant qui parle napolitain ; à chaque fois que le seigneur arrive pour expliquer son amour, il survient quelque embarras, et il faut