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nommés navach, trop nécessaires dans les grandes villes, lorsque trois hommes, qu’il reconnut, lui firent ce désagréable accueil. À peine le jour venu, et malgré un accès de fièvre, effet de la peur ou de la douleur, le marquis court au bureau de la police, laquelle, fidèle aux règles niaises du code autrichien, lui dit : « Votre Excellence a-t-elle des témoins ? — Oui, j’ai mon dos tout bleu, répond le marquis, et les trois buli, qui viendront tout avouer sans doute. » Leur chef était le fameux Vellicri, l’entrepreneur du théâtre. Du temps des Français, la police eût mandé l’honnête Vellicri, et lui eût dit : « Faites-moi la grâce de me dire où vous étiez hier à deux heures du matin. » Mais cette question n’est pas légale suivant le code autrichien ; et le marquis outré est revenu se mettre au lit et recevoir les compliments de condoléance. Tout le monde riait en détournant la tête, excepté la petite Gabrica, cause de ce grand événement. Quoique prodigieusement avare, le marquis millionnaire protège la petite chanteuse Gabrica. Le terrible Vellicri refusait de payer à cette jolie fille quinze cents francs qu’apparemment il lui devait, puisque le tribunal, sollicité par le marquis Filorusso, l’a condamné, et par corps, à les payer. C’est dans son chagrin