Page:Stendhal - Rome, Naples et Florence, II, 1927, éd. Martineau.djvu/140

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

disait un Florentin, à mesdames Pazz*, Cors*, Nenci*, Mozz* ? Madame Centol* doit l’emporter sur tout ! s’écriait un Napolitain. — Madame Florenz* est peut-être plus belle que madame Agost* », disait un Bolonais. Je ne sais pourquoi il me semble peu délicat d’écrire en français le reste de cette conversation. Rien n’était pourtant plus décent que nos discours ; nous parlions comme des sculpteurs.

Pendant tout le souper, nous avons été en plaisanterie suivie avec les jolies filles qui nous servaient ; et chose singulière en un tel lieu, jamais il n’y a eu la plus petite approche vers des idées trop libres. Elles ont souvent répondu aux agaceries des voyageurs par de vieux proverbes florentins ou par des vers. Les filles d’un aubergiste à son aise sont beaucoup moins séparées de la société ici qu’en France ; personne en Italie n’a jamais songé à copier les manières d’une cour brillante. Quand Ferdinand III paraît au milieu de ses sujets, il ne produit d’autre effet que celui d’un particulier fort riche, et par là peut-être très-heureux. On juge librement son degré de bonheur, la beauté de sa femme, etc. Il n’entre dans la tête de personne d’imiter ses manières.