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Napoléon brillait de tous ses avantages. J’ai parcouru avec mon curé presque toutes les branches de l’administration. La petitesse et le vexatoire de l’administration française n’étaient visibles que dans les droits réunis. Mais, par exemple, notre Code civil, ouvrage des Treilhard, des Merlin, des Cambacérès, succédait sans intermédiaire aux lois atroces de Charles-Quint et de Philippe II.

Le lecteur ne saurait se figurer les absurdités desquelles nous avons guéri l’Italie. « Par exemple, me dit mon jeune curé, en 1796, c’était encore une impiété, dans ces vallées de l’Apennin, sur lesquelles la foudre se promène deux ou trois fois par mois, de faire placer un paratonnerre sur sa maison ; c’était s’opposer à la volonté de Dieu. » (Les méthodistes anglais ont eu la même idée.) Or ce que l’Italien aime le mieux au monde, c’est l’architecture de sa maison. Après la musique, l’architecture est celui des beaux-arts qui remue le plus profondément son cœur. Un Italien s’arrête et passe un quart d’heure devant une belle porte que l’on construit dans une maison nouvelle. Je conçois le comment de cette passion : à Vicence, par exemple, la sottise méchante du commandant de place et du commissaire de police autrichiens ne peut détruire les