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Sienne, 2 février. — Quelle m’a pas été ma joie, en entrant à Florence ce matin, de rencontrer au café un de mes amis de Milan ! Il court à Naples pour voir l’ouverture du théâtre de Saint-Charles, reconstruit par Barbaja après l’incendie d’il y a deux ans ; il arrivera trop tard. Il me propose une place dans sa calèche ; cette idée renverse tous mes projets raisonnables, et j’accepte ; car enfin je voyage non pour connaître l’Italie, mais pour me faire plaisir. Je crois que ma grande raison a été que cet ami parle milanais : la prononciation arabe du Florentin me dessèche le cœur, et en parlant avec mon ami delle nostre cose di Milan, une sorte de sérénité et de bonheur tranquille se répand dans mon âme. Cette conversation pleine de candeur n’offre jamais l’ombre d’un mensonge, jamais de crainte du ridicule. J’ai vu cet aimable Milanais dix fois peut-être en ma vie, et il me fait l’effet d’un ami intime.

Nous ne nous sommes arrêtés que dix minutes à Sienne pour la cathédrale, dont je ne me permettrai pas de parler. J’écris en voiture ; nous avançons avec lenteur, au milieu d’une suite de petites collines