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Castel Fiorentino, 1er février, à deux heures du matin. — Ce soir, à six heures, à mon retour de Volterre, je suis entré dans ce village, situé à quelques lieues de Florence. J’avais à ma sédiole le petit cheval le plus maigre et le plus vite ; mais je l’ai modéré de façon à être comme forcé de demander l’hospitalité dans une maison de Castel Fiorentino, entre Empoli et Volterre. J’ai trouvé trois de ces paysannes de Toscane si jolies et si supérieures, à ce que l’on dit, aux dames des villes. Il y avait sept à huit paysans auprès d’elles. Je donnerais en mille à deviner l’occupation de cette société de laboureurs : ils improvisaient, chacun à son tour, des contes en prose dans le genre des Mille et une Nuits. J’ai passé à écouter ces contes une soirée délicieuse, de sept heures à minuit. Mes hôtes étaient d’abord auprès du feu, et moi à dîner à ma table ; ils ont vu mon attention, et peu à peu m’ont adressé la parole. Comme il se trouve toujours un enchanteur dans ces histoires si jolies, je leur suppose une origine arabe. Une surtout m’a tellement frappé, que je l’écrirais si je pouvais la dicter. Mais comment entreprendre d’écrire moi-même