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seul opéra, tous ces morceaux brillants. J’aimerais mieux avoir fait le trio du Barbier de Séville que tout l’opéra de Solliva, qui me plaisait tant à Milan.

24 janvier. — J’admire de plus en plus le Barbier. Un jeune compositeur anglais, qui m’a tout l’air d’être sans génie, était scandalisé de l’audace de Rossini. Toucher à un ouvrage de Paisiello ! Il m’a conté un trait d’insouciance. Le morceau le plus célèbre de l’auteur napolitain est la romance : Je suis Lindor. Un chanteur espagnol, Garcia, je crois, a proposé à Rossini un air que les amants chantent sous les fenêtres de leurs maîtresses, en Espagne ; la paresse du maestro s’en est bien vite emparée : rien de plus froid ; c’est un portrait mis dans un tableau d’histoire.

Tout est pauvre au théâtre de Florence, habits, décorations, chanteurs : c’est comme une ville de France du troisième ordre. On n’y a de ballets que dans le carnaval. En général, Florence, située dans une vallée étroite, au milieu de montagnes pelées, a une réputation bien usurpée. J’aime cent fois mieux Bologne, même pour les tableaux ; d’ailleurs, Bologne a du caractère et de l’esprit. À Florence, il y a de belles livrées et de