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essaya d’être libre, et que le sang coula pour une constitution impossible à faire marcher. Insensiblement la lune, qui se levait, est venue marquer sur cette place si propre la grande ombre du palazzo Vecchio, et donner le charme du mystère aux colonnades de la galerie, par-dessous lesquelles on aperçoit les maisons éclairées au delà de l’Arno.

Sept heures ont sonné au beffroi de la tour ; la crainte de ne pas trouver de place au théâtre m’a forcé à quitter ce spectacle terrible : j’assistais, pour ainsi dire, à la tragédie de l’histoire. Je vole au théâtre du Hhohhomero, c’est ainsi qu’on prononce le mot cocomero. Je suis furieusement choqué de cette langue florentine si vantée. Au premier moment, j’ai cru entendre de l’arabe, et l’on ne peut parler vite.

La symphonie commence, je retrouve mon aimable Rossini. Je l’ai reconnu au bout de trois mesures. Je suis descendu au parterre, et j’ai demandé ; en effet, c’est de lui le Barbier de Séville qu’on nous donne. Il a osé, en homme d’un vrai génie, traiter de nouveau le canevas qui a valu tant de gloire à Paisiello. Le rôle de Rosine est rempli par madame Giorgi, dont le mari était juge dans un tribunal sous le gouvernement français. À Bologne, l’on