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harmonie de ces rues, où respire le beau idéal du moyen âge. En vingt endroits de Florence, par exemple en descendant du pont della Trinità et passant devant le palais Strozzi, le voyageur peut se croire en l’an 1500.

Mais, malgré la rare beauté de tant de rues pleines de grandiose et de mélancolie, rien ne peut être comparé au palazzo Vecchio. Cette forteresse, bâtie en 1298 par les dons volontaires des négociants, élève fièrement ses créneaux de brique et ses murs d’une hauteur immense non pas dans quelque coin solitaire, mais au milieu de la plus belle place de Florence. Elle a au midi la jolie galerie de Vasari, au nord la statue équestre d’un Médicis, à ses pieds le David de Michel-Ange, le Persée de Benvenuto Cellini, le charmant portique des Lanzi, en un mot, tous les chefs-d’œuvre des arts à Florence, et toute l’activité de sa civilisation. Heureusement cette place est le boulevard de Gand du pays, le lieu où l’on passe sans cesse. Quel édifice d’architecture grecque en pourrait dire autant que cette forteresse du moyen âge, pleine de rudesse et de force comme son siècle ? Là, à cette fenêtre, du côté nord, me disait mon cicerone, fut pendu l’archevêque Pazzi, revêtu de ses habits pontificaux.