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Hier, ce baron pointilleux grondait le garçon du restaurateur, parce qu’il n’avait pas écrit correctement son noble nom sur sa carte.

3 octobre. — L’orchestre de Milan, admirable dans les choses douces, manque de brio dans les morceaux de force. Les instruments attaquent timidement la note.

L’orchestre de Favart a le défaut contraire. Il cherche toujours à embarrasser le chanteur, et à faire le plus de bruit possible. Dans un orchestre parfait, les violons seraient français, les instruments à vent allemands, et le reste italien, y compris le chef d’orchestre.

Cette place, si essentielle au chant, est occupée à Milan par le célèbre Alessandro Rolla, que la police a fait prier de ne plus jouer de l’alto ; il donnait des attaques de nerfs aux femmes.

On pourrait dire à un Français arrivant dans ce pays : Cimarosa est le Molière des compositeurs et Mozart le Corneille ; Mayer, Vinter, etc., sont des Marmontel ; la grâce innocente de la prose de la Fontaine, dans les Amours de Psyché, est reproduite par Paisiello.

4 octobre. — J’ai visité aujourd’hui les fresques si touchantes de Luini à Saronno,