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avait écrit : Dieu ! qu’elle était belle ! au lieu de : Ô Dieu ! qu’elle était belle !

Il y a vingt ans, quand on citait, l’on ne disait jamais l’auteur nommé ci-dessus, mais il sullodato autore ; il allait sans dire que l’on ne pouvait pas nommer sans louer. Ces exagérations que depuis cent cinquante ans tous les voyageurs ne manquent pas de reprocher aux Italiens, sont comme le très-humble serviteur de nos lettres. J’ai entendu dire de la maison d’un noble : E un miserabilissimo palazzo dove non si danno tre camere senza acqua (c’est un misérable palais qui n’a pas trois chambres où la pluie ne pénètre). Le mot palais a perdu le sens que nous y attachons. Les Italiens pourront-ils être accusés de bassesse, parce qu’ils ne consultent pas en parlant chez eux les convenances d’une langue étrangère ? — Les courtisans italiens manquent de grâce en agissant autour de leurs princes. Mais que dirons-nous de la figure incroyable que font les duchesses douairières aux levers du roi d’Angleterre ? Que dire du fameux scapelott (calotte) donné par le comte de Saurau, ministre de François Ier, à un homme distrait qui avait oublié d’ôter son chapeau au parterre de la Scala, ce prince y étant ? Les seuls Francais de 1780 savent le métier de courtisan. Il n’y a que ces gens-là qui sachent ser-