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1er janvier 1817. — Moi qui trouvais tant d’esprit aux Bolonais, je suis presque sur le point de me dédire. Pendant une heure et demie, je viens d’essuyer le patriotisme d’antichambre le plus sot, et cela dans la meilleure compagnie. C’est. réellement là le défaut italien ; les défaites de Murat semblent l’avoir irrité. Le fait est qu’à Naples, comme en Espagne, la bonne compagnie est à une distance immense de la basse classe, et, au contraire du peuple espagnol, le bas peuple napolitain, gâté par ce climat si doux, ne se bat pas ; car, dit-il, si j’ai raison, saint Janvier ne manquera pas de tuer tous les ennemis. M. Filangieri et cent autres officiers sont fort braves, qu’en est-il résulté ? que leurs soldats leur ont tiré des coups de fusil à travers la porte de leur chambre, parce qu’ils voulaient les empêcher de fuir[1].

Vous savez que, vers 1763, le Siège de Calais eut le succès le plus fou et le plus

  1. Il n’est pas de pays, il n’est pas d’armée qui ne reçût de l’honneur de la vie et de la mort de M. de Santa-Rosa. Peu de temps après cette mort héroïque, j’ai déjà essayé, selon mes faibles forces, de dire au public ce qu’il pensera de ce grand homme dans cent ans. Si le présent ouvrage eût été moins paradoxal et plus grave, je l’aurais dédié à la mémoire de cet illustre Italien. Je souhaite que ceux de ses compatriotes qui lui ressemblent, et que je m’abstiens de nommer de peur de les compromettre, trouvent ici un témoignage de ma profonde estime. Honneur au pays qui a produit les Santa-Rosa et les Rossarol !