Page:Stendhal - Rome, Naples et Florence, I, 1927, éd. Martineau.djvu/225

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’on a au nord la vue la plus jolie et la plus singulière. S’il en est ainsi le 18 de décembre, que doit-ce être en automne ! Entre San Giovanni et Plaisance, on m’a montré des ossements, tristes vestiges de la bataille de la Trebia en 1799. Ces lieux furent aussi le théâtre du malheur des Romains contre Annibal.

Plaisance a deux statues équestres plus ridicules que celles de Paris, quoique aucune d’elles ne représente un grand roi en perruque et les jambes nues. Le théâtre de Plaisance, ville de vingt-cinq mille âmes, est plus commode qu’aucun des nôtres. Il y a deux siècles que cent petites villes d’Italie ont des théâtres ; il est tout simple qu’à force d’expériences et d’erreurs, les architectes aient trouvé la forme la plus commode. À Paris, chaque nouveau théâtre ne vaut-il pas mieux que celui qu’il remplace ? Comme l’air étouffé (sans oxygène) ôte la voix, les théâtres italiens sont à cent ans en avant de nous pour les ventilateurs. En revanche, les paysans des environs de Plaisance sont à deux siècles en arrière des nôtres pour le bon sens et la bonté, qualités qui font des Français le premier peuple du monde. Quant aux paysans plaisantins, ils sont encore l’animal méchant, façonné par quatre cents ans du despotisme le plus