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deux côtés du large chemin, et au milieu, deux files de voitures en marche, le tout réglé et modéré par dix houzards autrichiens ; deux cents jeunes gens à cheval et trois mille piétons complétaient le tapage ; les piétons disaient fièrement : Ceci est presque aussi beau qu’à Paris ; il y a plus de trois mille carrosses. Tout ce mouvement me fait mal à la tête et nul plaisir. Un étranger devrait louer la plus jolie voiture possible, et aller tous les jours au Cours avec sa belle.

En été, au retour du Corso, on s’arrête dans la Corsia dei Servi pour prendre des glaces ; on rentre dix minutes chez soi, après quoi l’on va à la Scala. On prétend que ces dix minutes sont l’heure des rendez-vous, et qu’un petit signal au Corso, comme une main appuyée sur la portière, indique s’il y a possibilité ou non de se présenter ce soir-là.

30 novembre. — Don Pedro Lormea, un officier espagnol, plein de génie, me disait à Altona : « Quand j’arrive dans une ville, je demande à un ami, dès que j’en ai fait un, quels sont les douze hommes les plus riches, quelles sont les douze femmes les plus jolies, quel est l’homme le plus décrié de la ville ; après, je me lie, si je puis, avec l’homme le plus décrié, ensuite avec les