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M. Cattaneo, chef de la bibliothèque numismatique à Brera, m’a reçu avec une politesse toute française. Il est vrai que j’étais le seul lecteur dans sa bibliothèque. J’y ai étudié les monuments cyclopéens que je dois voir à Volterre. C’est le comte Prina qui a fondé cette bibliothèque, ainsi que les établissements pour les sels et tabacs et pour la poudre ; il a créé le corps des douaniers, qui sont une bien moins vile canaille qu’avant 1796.

18 novembre. — Sous Napoléon, il me semble que l’on a inventé, à Milan, pour les maisons particulières, une certaine architecture pleine de grâce. La façade du palais de la police Contrada Santa Margarita, que tout voyageur n’a que trop l’occasion de visiter, peut servir d’exemple. La distribution des croisées est gaie et gracieuse ; le rapport des pleins et des vides est parfait ; les corniches osent être saillantes.

La rue degli Orefici (des Orfèvres) présente un vestige des républiques du moyen âge. Ce sont cent boutiques d’orfèvrerie à côté les unes des autres. Au quatorzième siècle, quand on voulait piller leur rue, tous les orfèvres prenaient les armes et se défendaient. Probablement cette rue avait des chaînes aux deux extrémités.