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vient quelquefois égayer nos discussions littéraires.

À Paris, je ne connais rien de comparable à cette loge où, chaque soir, l’on voit aborder successivement quinze ou vingt hommes distingués ; et l’on écoute la musique quand la conversation cesse d’intéresser.

Avant et après M. de Brême, je vais dans cinq ou six loges où la conversation est bien éloignée de prendre jamais la tournure philosophique. À Paris, on aurait des millions que l’on ne pourrait pas se faire de telles soirées. Il pleut, il neige, au dehors de la Scala, qu’importe ? Toute la bonne compagnie est réunie dans cent quatre-vingts loges de ce théâtre, qui en a deux cent quatre. La plus aimable de toutes ces loges (je prends le mot aimable dans le sens français : vif, gai, brillant, le contraire de l’ennui), c’est peut-être celle de madame Nina Viganô, fille de l’homme de génie qui a fait Mirra. Madame Nina, ou, comme l’on dit en italien de toutes les femmes, même des duchesses, et en parlant d’elles, et devant elles, la Nina chante avec un charme unique les airs vénitiens de M. Perruchini et certains airs remplis de passion, composés autrefois pour elle par M. Caraffa. La Nina est un peintre en miniature qui, dans son genre borné, a