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RACINE ET SHAKSPEARE

remerciant M. Beyle de tout le plaisir que m’ont fait ses aperçus, aussi ingénieux que profonds et vrais, vous lui communiquiez cette simple observation, qui, si elle est admise par lui, aura certainement une juste influence sur ses idées futures. S’il ne l’admet pas, nous ne nous entendrons pas tout à fait ; car j’ai foi dans le beau, et le beau n’est pas arbitraire ; il est parce qu’il est. Je voudrais encore que M. Beyle expliquât aux gens durs d’oreille que le siècle ne prétend pas être romantique dans l’expression ; c’est-à-dire écrire autrement que ceux qui ont bien écrit avant nous, mais seulement dans les idées que le temps apporte ou modifie ; il devrait faire une concession : classique pour l’expression, romantique dans la pensée ; à mon avis, c’est ce qu’il faut être. Je lui demanderais encore quelques autres concessions plus graves, et qui tiennent toujours à la première idée sur laquelle nous différons de sentiment. Je crois que le beau dans la pensée est plus haut qu’il ne le place, et que Platon en était plus près que Condillac. Mais en voilà déjà trop ; demandez-lui pardon. »