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DE QUELQUES OBJECTIONS

d’une manière étonnante, non pas dans le demi-calembour d’Agamemnon : Vous y serez, ma fille, mais dans la réplique sublime d’Hermione à Oreste qui lui annonce la mort de Pyrrhus : Qui te l’a dit ? dans le rôle céleste de Monime, duquel on a dit avec tant de raison : « C’est de la sculpture antique » ; dans les regrets de Phèdre :

Hélas ! du crime affreux dont la honte me suit
Jamais mon triste cœur n’a recueilli le fruit.
Jusqu’au dernier soupir de malheurs poursuivie,
Je rends dans les tourments une pénible vie.

(Acte IV, scène vi.)

2o Dans cette même sublime tragédie de Phèdre, la nourrice de cette princesse, qui ne l’a pas quittée depuis sa naissance et qui l’aime comme son enfant, ayant à dire ce détail affreux : Ma fille n’a pris aucune nourriture depuis trois jours, dit ces vers admirables :

ŒNONE

...............
Rebelle à tous nos soins, sourde à tous nos discours,
Voulez-vous sans pitié laisser finir vos jours ?
Quelle fureur les borne nu milieu de leur course ?
Quel charme ou quel poison en a tari la source ?
Les ombres par trois fois ont obscurci les cieux
Depuis que le sommeil n’est entré dans vos yeux ;
Et le jour a trois fois chassé la nuit obscure
Depuis que votre corps languit sans nourriture, etc., etc.

(Acte Ier, scène iii.)