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RACINE ET SHAKSPEARE

les représenter ordonnant des remèdes ab hoc et ab hâc à leurs malades. Mais ceci se rapproche du rôle de l’assassin : c’est de l’odieux ; on est indigné ; partant plus de rire. Que faire ? — Charger, malgré lui, du rôle de médecin, un bon vivant, le plus insouciant des hommes, et partant le plus éloigné possible, à nos yeux, du rôle d’assassin. Cet homme sera forcé de prescrire des remèdes au hasard ; les personnages qui l’entourent le prendront pour un véritable médecin ; il en aura toutes les apparences, et un peuple malin et spirituel ne pourra plus voir de médecin véritable auprès d’une jeune personne sans rappeler par un mot Sganarelle ordonnant une prise de fuite purgative avec deux dragmes de matrimonium en pilules[1]. Le but du poëte sera rempli ; les médecins ont un ridicule, et la savante absurdité de la fable a sauvé de la noire horreur.

J’ouvre les trois volumes qu’on nous donne pour les Mémoires de madame de Campan. « Pendant la première moitié du règne de Louis XV, les dames portèrent encore l’habit de cour de Marly, ainsi désigné par Louis XIV et qui différait peu de celui adopté pour Versailles. La robe française, à plis dans le dos, et à grands paniers, remplaça cet habit et fut conservée jusqu’à la fin du règne de Louis XVI, à Marly. Les diamants, les plumes, le rouge, les étoffes brodées et

  1. Le Médecin malgré lui, acte III, scène VI.