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DE QUELQUES OBJECTIONS

naux. Il fallut, en 1786, donner deux heures de sa vie, chaque jour, à une lecture passionnée, coupée à chaque instant par les exclamations de la haine ou par des rires amers sur les déconvenues du parti contraire. La légèreté française périt, le sérieux prit sa place, et tellement sa place, que les gens aimables d’un autre siècle font tache dans les salons de 1825.

Comme nous n’avons pas d’universités à l’allemande, la conversation faisait autrefois toute l’éducation d’un Français ; aujourd’hui, c’est la conversation et le journal.


III. — Des habitudes de la vie, par rapport à la littérature.

Je vois les gens de ma connaissance passer six mois dans l’oisiveté de la campagne. La tranquillité des champs a succédé à l’anxiété des cours et à l’agitation de la vie de Paris[1]. Le mari fait cultiver ses terres, la femme dit qu’elle s’amuse, les enfants sont heureux ; sans besoin d’idées nouvelles, arrivant de Paris, ils courent et gambadent dans les bois, ils mènent la vie de la nature.

De telles gens, à la vérité, ont appris de leurs pères à dire que le moindre manque

  1. Mémoires de madame d’Épinay, genre de vie de M. de Francueil, son amant.