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DE LA LANGUE ITALIENNE

GIORNATA SESTA ED ULTIMA
Critique particulière.

Tout le monde sait que jusqu’à ces derniers temps, l’Angleterre n’a été divisée qu’en deux partis seulement : les torys qui tenaient pour la cour, et les whigs qui soutenaient ce qu’on appelle la liberté. Un candidat qui prétendait être élu au Parlement se présenta dans un gros bourg du nord de l’Angleterre, bourg qui n’était composé que de deux rangées de maisons bordant une rue très large, au milieu de laquelle coulait un petit ruisseau. Le prétendant au Parlement se présente chez un riche tory et veut se capter son suffrage en lui étalant de grands principes de modération, de sagesse, de conciliation. Le tory le laisse dire. Quand le candidat eut fini d’exposer sa doctrine conciliatoire, le tory sort froidement de sa maison avec le candidat qui le suit, le mène au bord du ruisseau, et là lui dit froidement : « Tout le rang de maisons qui est sur la rive droite du ruisseau est tory, tout le rang qui est à gauche est whig et il y a le ruisseau au milieu pour les gens qui ne sont ni whigs ni torys. »

Je demande pardon à l’homme vraiment illustre dont je combats l’ouvrage, de la grossièreté de la réponse du tory. Trop souvent les Anglais, dans leurs bons mots, n’atteignent à l’énergie qu’en violant toutes